27.8 C
Mamoudzou
vendredi 24 mars 2023
AccueilFaits diversDroit de retrait ou retrait du droit ? Pour les transporteurs, « on ne...

Droit de retrait ou retrait du droit ? Pour les transporteurs, « on ne peut pas utiliser les routes du département »

« Quand le préfet dit que la situation s’améliore, la réalité est tout autre ». Au regard de la recrudescence notable des actes de vandalismes et d’agressions depuis le début de l’année scolaire, William Baillif, directeur adjoint pour le groupement de transporteurs « Narendre M’beli », masque difficilement son dépit. Selon lui, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur les 20 premiers jours de transport, le groupement de transporteurs du Nord a été victime de 48 incidents. Au total ce sont déjà 39 caillassages, 9 tentatives d’agression et 22 élèves blessés par jets de pierres ou à l’arme blanche.

Caillassages, agressions : « ce n’est plus un aléa, c’est une catastrophe »

Halo, Transdev, caillassages, Mayotte
Caillassages, agressions, les incidents se multiplient depuis la rentrée scolaire (Archive)

Les conducteurs se retrouvent malgré eux en première ligne des actes d’incivilités et des agressions. « Pour notre groupement, on est en moyenne à 2,4 incidents par jour », souligne William Baillif, précisant que « à chaque fois que l’on prend le service le matin, on a 240 % de chance de subir un incident ». D’un point de vue matériel, les 39 caillassages ont d’ores et déjà coûté 48 000 euros au transporteur alors même que « ce sont des éléments qui ne sont pas pris en charge par le Conseil départemental », note-t-il. « Cela fait partie, selon l’institution, des risques et des aléas », or dans le cas présent pour M. Baillif, « avec 2,4 incidents par jour travaillé, ce n’est plus un aléa, c’est une catastrophe ».

Les incidents perpétrés ne sont pas uniquement le fruit d’éléments extérieurs. Certains élèves dans les bus en sont aussi à l’origine. Néanmoins, constate amèrement le directeur adjoint, « il n’y a pas de sanctions liées à leur comportement, c’est l’impunité ». Pourtant, « on sait de quelle école ils proviennent, on sait où on doit les déposer ». L’incompréhension règne chez le responsable, son désarroi est patent : « comment se fait-il que ces élèves fauteurs de troubles puissent encore bénéficier du transport scolaire ? Ils devraient être exclu des transports », regrette le responsable.

« On ne peut pas utiliser les routes du département »

Des actes de violences dont la teneur franchit un peu plus, à chaque nouvel incident, les frontières de l’entendement. Ainsi, « le 12 septembre dernier au matin, nous avons eu un chauffeur sommé de se mettre à genoux après avoir été extirpé de son poste de travail », raconte le directeur, avant de poursuivre : « un des individus lui a mis un chombo sur la gorge pendant que deux autres tournaient autour de lui ». Certes, si depuis cette rentrée scolaire, le gestionnaire Transdev a mis en place un partenariat avec une psychologue de la commune de Sada afin d’assurer un suivi psychologique des conducteurs, William Baillif s’interroge « est-ce que cela fait partie du boulot d’un chauffeur de continuer à supporter tout ça ? ».

Une situation de violence ayant conduit à un droit de retrait de certains conducteurs sur la
ligne Dzoumogne–Kaweni, concentrant à elle seule, depuis le début de l’année scolaire, 75
% des incidents ayant touché le transporteur. « Ils se font agresser sur la route, espace qui
est censé être sous le contrôle des forces de l’ordre », déplore le directeur adjoint qui
abonde, « c’est un droit de retrait car on ne peut pas utiliser les routes du département alors même qu’elles sont l’outil de travail des conducteurs ».

Les chauffeurs de bus durant le Comité de suivi des Assises de la sécurité

Ainsi, quand le préfet déclare au Comité de suivi des Assises de la sécurité et de la citoyenneté que « toute fermeture d’école ou tout arrêt du transport scolaire sont autant de réactions donnant raison aux délinquants » précisant que « le droit de retrait » des conducteurs de bus doit « rester ponctuel », la réponse de William Baillif se fait sans attendre : « la question est de savoir à qui appartient la faute ». Et si des efforts sont faits, reconnaît-il, le constat actuel « démontre un certain niveau d’échec ».

Rien de nouveau sous le soleil

L’activité de transport scolaire sur la ligne Dzoumogne-Kaweni reprendra néanmoins son cours dès ce lundi. Suite à la réunion du jeudi 22 septembre avec la directrice de cabinet du préfet, le représentant du Conseil départemental et du rectorat, il a été convenu suite à la « signature du protocole d’accord du droit de retrait de certains conducteurs,» de la reprise normale de l’activité le 26 septembre. « Rien de nouveau », commente toutefois William Baillif. « Il y a eu une relecture des points du protocole signé en octobre 2021 et une réactualisation des mesures », indique-t-il.

Les dégâts matériels sont aussi conséquents pour les transporteurs

Cette réactualisation comprend notamment la mise en place de « médiateurs sur les zones de ramassages à 4h et 19h » au moment où les élèves montent ou descendent ainsi que « la présence des forces de l’ordre » à partir de 4h30 au niveau des points sensibles tels que « l’arrêt Dubaï, Dzoumogné » ou encore « l’entrée de Kaweni où y a le plus gros des incidents ».

Quid de la volonté du Conseil départemental d’instaurer une sécurité dans les transports, mesure avancée lors du Comité du suivi des Assises de la sécurité ? La réponse de William Baillif est cinglante : « pour l’anecdote, la sécurité dans les transports faisait déjà partie des engagements du département en octobre 2021. On est en septembre 2022, il envisage toujours de le faire… ». Si l’intention est certes louable, n’oublions pas que de bonnes intentions, l’enfer en est pavé.

Pierre Mouysset

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

0
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital : 500,00 € Objet : - L'achat, la revente de pièces détachées...

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

0
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital : 500,00 € Objet : - L'achat, la revente de pièces détachées...
SMAE, Vinci, Mayotte

Coupure d’eau en cours sur les communes de Koungou, Mamoudzou et Tsingoni jusqu’au samedi...

0
Dans un communiqué, le syndicat des eaux informe sa clientèle que compte tenu du niveau trop bas des réservoirs de tête "dans le secteur Nord-Est, Mamoudzou et aussi le secteur Miréréni / Combani" pour...

Arrivée à Mayotte du pont de secours de Dzoumogné : « on travaille un...

0
C’est un déchargement inédit qui s’est déroulé ce jeudi en fin d’après-midi au port de Longoni avec l’arrivée d'un viaduc métallique démontable. Ouvrage ayant vocation à remplacer temporairement l’actuel pont de Dzoumogné, son acheminement sur le site est prévu en début de semaine prochaine pour une ouverture à la circulation dès le 17 octobre.

Le spirituel au chevet des malades du cancer ? Le conseil cadial et les...

0
Le Conseil Cadial et les deux associations ASCA et AMALCA ont signé ce jeudi matin une convention afin de mutualiser leurs ressources dans l'accompagnement des malades atteints du cancer. Favoriser l’écoute, libérer la parole, lutter contre la dépression mais aussi apporter un soutien spirituel sont autant d’axes pouvant être renforcés grâce à la complémentarité de ces structures.

Recent Comments